Modifié le mercredi 29 janvier 2020 à 15 h 44
Nous encourageons tous les observateurs à donner la meilleure évaluation possible des nombres d’oiseaux sur leurs listes d’observation. La plupart du temps, c’est facile : il suffit de compter ce que l’on voit et d’ajouter les chiffres au fur et à mesure qu’on avance. Cependant on a parfois l’occasion de voir une grande volée, des groupes en grand nombre ou un grand groupe comprenant plusieurs espèces, ce qui peut poser certaines difficultés; voici donc quelques conseils.
La première chose à retenir, c’est que votre meilleure estimation est toujours préférable à un X indiquant la simple présence de l’espèce. Un X peut représenter un seul individu ou un million. En évaluant le nombre de votre mieux, vous fournissez une information précieuse sur l’abondance d’une espèce aviaire dans le monde, et non sur sa simple présence. Les scientifiques peuvent ainsi mieux comprendre l’évolution des populations au cours du temps, ce qui constitue souvent l’une des principales mesures de la santé d’une espèce.
Il faut également retenir que les chiffres ronds font parfaitement l’affaire. Il n’y a rien de mal à évaluer un voilier à 50 oiseaux alors qu’en réalité il en contient 40 ou 63. Bien sûr si vous faites un décompte exact de 63, c’est encore mieux, mais nous savons bien que ce n’est pas toujours possible.
Les techniques présentées ci-dessous vous permettront d’en arriver à un chiffre approximatif même dans les situations les plus difficiles. Bientôt il vous suffira d’un coup d’œil pour avoir une bonne idée du nombre d’oiseaux présents dans les sites de votre région. Avec la pratique, c’est de plus en plus facile!
Liens rapides
Les décomptes d’oiseaux, meilleures pratiques
Compter les groupes d’une même espèce
Compter de grandes troupes stationnaires
Compter de grandes troupes en mouvement
Grands nombres de plusieurs espèces
Snow Goose by Jan Allen/Macaulay Library (ML139354761)
Les décomptes d’oiseaux, meilleures pratiques
N’attendez pas!
La première règle en matière de décomptes est de s’habituer de prendre des notes régulièrement. Nous recommandons de noter les totaux de toutes les espèces observées au moins toutes les 15 minutes pour ne rien oublier. Dans eBird Mobile, le mode de Saisie rapide facilite grandement cette étape. On évite également des nombres trop grands en créant plusieurs listes, ce qui facilite les décomptes (et de toute façon les listes plus courtes sont plus utiles à la science.
Soyez prudent
Nous vous encourageons à faire preuve de prudence en matière de décomptes. L’essentiel est de s’efforcer de faire une estimation aussi précise que possible des oiseaux vus et entendus dans le secteur visité. L’objectif n’est pas d’avoir le décompte le plus élevé pour une certaine espèce dans eBird, mais de donner une image fidèle de ce qui est présent à cet endroit.
Si vous voyez un Cardinal rouge mâle pendant les cinq premières minutes de votre randonnée, puis une femelle plus tard, comptez deux individus. Mais si vous voyez de nouveau un Cardinal rouge mâle à peu près au même endroit en revenant sur vos pas, nous recommandons de compter un seul individu. Si vous voyez un Cardinal rouge mâle au début de votre randonnée, plus un autre 800 m plus loin, comptez deux individus. Fiez-vous à votre jugement pour en arriver au chiffre le plus précis possible, tout en faisant preuve de prudence.
Il est possible de distinguer certains individus, que ce soit par leur âge, leur sexe ou d’autres caractéristiques bien visibles (Cardinaux rouges mâles et femelles, Bruants à gorge blanche à sourcils blancs ou à sourcils beiges, Roselins familiers en mue). Ces différences peuvent être évidentes et faciliter le décompte des oiseaux présents à un endroit.
Attention à la fausse précision
Si vous avez compté les oiseaux par cinq, par dix ou par cent, l’ajout d’un chiffre plus précis à ce résultat crée une fausse impression de précision. Dans votre liste d’observation, n’ajoutez pas des décomptes exacts à des décomptes approximatifs pour la même espèce. Autrement dit, votre chiffre final atteint le degré de précision le plus faible que vous avez employé pendant votre décompte. Si vous avez compté une grande troupe de Macreuses à front blanc par groupes de 10 et en êtes arrivé à une estimation totale de 1 110, puis qu’il passe un groupe de 3 individus, inscrivez un total de 1 110 et non de 1 113. S’il passe un autre groupe de 5 oiseaux, alors vous pouvez porter votre estimation totale à 1 120.
Types de décomptes
Compter les groupes d’une même espèce
Généralement les décomptes sont faciles, comme dans le cas d’un petit nombre d’individus situés au même endroit et qu’on peut compter un à un, par exemple ces six Grands Harles posés sur une bûche.
Grands Harles, Chris S. Woodommon/Macaulay Library at the Cornell Lab (ML67827951)
Les grandes troupes peuvent poser quelques difficultés; il est alors plus facile de compter un sous-groupe, puis d’extrapoler à l’échelle du groupe entier. Dans ce cas au lieu de compter les oiseaux un par un, on compte des sous-groupes, par exemple de cinq ou dix individus à la fois.
Cigognes blanches, Richard Gray/Macaulay Library (ML67512001)
Il est facile de compter une à une les 19 Cigognes blanches de cette volée. Avec les plus grands nombres, il devient impossible de procéder ainsi. Avant de lire le texte sous la prochaine photo, quel résultat obtenez-vous si vous comptez ces oiseaux dix par dix?
Cigognes blanches, Paul Chapman/Macaulay Library (ML42551781)
La stratégie est la suivante : compter les 10 premiers oiseaux, évaluer quelle proportion de l’ensemble ils représentent, puis extrapoler par groupes de 10 pour le reste de la volée. Quel est votre résultat? Lorsque nous avons fait notre estimation par groupes de 10, nous sommes arrivés à un total d’environ 100. Le nombre réel d’oiseaux présents sur cette image est de 102, de sorte que sur le terrain, une estimation de 100 serait très bonne!
Compter de grandes troupes stationnaires
Lorsqu’une grande troupe d’oiseaux recouvre totalement une surface, il peut sembler impossible de les compter. Nous avons ici des outils pour vous venir en aide.
Comme lorsque nous avons compté des troupes d’une même espèce, nous commencerons par évaluer le nombre d’oiseaux présents dans un sous-ensemble du groupe, puis nous extrapolerons pour en arriver à une estimation globale. En présence de grandes troupes, les observateurs tendent à sous-estimer les nombres; il importe donc de comprendre quelle peut être la densité des individus ainsi que les effets de la distance et de la profondeur. Il peut être difficile de percevoir la nature tridimensionnelle de certains attroupements. Par exemple, dans une troupe d’une longueur de 100 oiseaux, d’une largeur de 100 et d’une hauteur de 100, il y a un million d’individus!
Pour compter une grande troupe, il faut commencer par déterminer la taille du sous-groupe de départ. Semble-t-il raisonnable de compter par sous-groupes de 10, de 100 ou de 1 000? Quel que soit le chiffre choisi, comptez les membres de ce sous-groupe un par un, puis reportez ce sous-ensemble autant de fois qu’il le faut pour faire une estimation du nombre total.
Fuligules à tête rouge, Jay McGowan/Macaulay Library at the Cornell Lab (ML43492371)
Voyons cet attroupement de canards sur le lac Cayuga près d’Ithaca, le siège même du Cornell Lab of Ornithology!
Nous commencerons par délimiter un sous-groupe d’environ 30 oiseaux, comme ici.
À partir du sous-ensemble de l’image qui est occupé par 30 individus, il est possible d’extrapoler à l’ensemble.
On peut diviser l’image en six sous-ensembles de même grandeur apparente, mais ils n’ont pas tous la même valeur. Pour la même surface apparente, la partie arrière de l’image contient près de deux fois plus d’oiseaux que la partie avant. Gardez à l’esprit que cette image du rassemblement d’oiseaux est en deux dimensions, soit la largeur et la profondeur. Les sous-ensembles les plus éloignés sont à la fois plus profonds et plus larges, ce dont il faut également tenir compte.
Une extrapolation simple nous donnerait 180 oiseaux, mais le nombre réel est de 340. Si vous faites une estimation par sous-ensembles sur une surface étendue en profondeur, vous devez ajuster votre chiffre en conséquence. Cet exemple montre bien pourquoi on sous-estime souvent les nombres d’individus présents dans les grandes troupes. Gardez à l’esprit que vous devez vous efforcer d’être précis, mais qu’il est toujours préférable de faire preuve de prudence.
Compter de grandes troupes en mouvement
Il y a deux façons de compter de grandes troupes d’oiseaux en mouvement : de nouveau par extrapolation à partir d’un sous-ensemble, ou selon le nombre d’oiseaux qui passent par unité de temps. Le choix de la méthode dépend de la situation et de l’espèce visée. S’il s’agit d’une seule troupe de plusieurs milliers d’oiseaux qui s’approchent de vous, comptez par sous-groupes. Si vous avez un mouvement régulier d’oiseaux qui passent de façon ordonnée, il peut être préférable de compter leur fréquence, c’est-à-dire le nombre d’individus qui passent par unité de temps.
Puffins fuligineux, Griffin Richards/Macaulay Library at the Cornell Lab (ML71751951)
La technique de la fréquence donne de bons résultats en présence d’un passage régulier qui dure un certain temps, soit de plusieurs minutes à plusieurs heures. Les oiseaux sont parfois si nombreux qu’il devient impossible de les compter un par un (ici des Puffins fuligineux le long de la côte du Pacifique), mais la fréquence à laquelle ils passent devant le point d’observation est relativement constante. Il suffit alors de les compter individuellement pendant une période de temps prédéterminée (p. ex. une minute ou cinq minutes), puis d’extrapoler à une période plus longue. Si vous avez compté 1 300 puffins en 5 minutes et que le nombre de passages est resté constant pendant 15 minutes, vous pouvez raisonnablement arriver à une approximation de 3 900 individus. C’est la meilleure technique pour obtenir une estimation raisonnable des nombres totaux. Lorsqu’on se sert de cette technique, il est toujours important de surveiller les fluctuations de volume de la troupe au cours du temps. Si vous remarquez que la fréquence des passages diminue ou augmente, il faut en faire une nouvelle estimation. Il est ainsi possible de compter plusieurs espèces simultanément, ce qui facilite le décompte de volées composites.
Grands nombres de plusieurs espèces
Le plus difficile est de compter des troupes contenant plusieurs espèces, mais comme dans les exemples qui précèdent, ce n’est pas impossible. Il existe deux principales approches pour ce faire.
- Pour chaque espèce prise séparément, comptez le nombre total d’individus avec la méthode qui convient le mieux;
- ou bien estimez le nombre total d’individus, puis la proportion d’oiseaux de chaque espèce.
Goélands à ailes grises, Andy Wilson/Macaulay Library (ML166815011)
Prenons l’exemple d’un grand rassemblement de goélands sur la côte du Pacifique. Nous pouvons compter les individus présents dans un sous-ensemble comme plus haut dans l’exemple des canards, ou nous pouvons tenter d’évaluer les proportions de chaque espèce. Il y a ici 50 % de Goélands d’Audubon, 30 % de Goélands de Californie, 10 % de Goélands à ailes grises et 10 % de Goélands de Heermann; nous estimons qu’il y a 10 000 oiseaux, ce qui nous donne 5 000 Goélands d’Audubon, 3 000 Goélands de Californie, 1 000 Goélands à ailes grises et 1 000 Goélands de Heermann. Cependant chacune des espèces n’est pas nécessairement répartie également au sein de la troupe. Il faut donc examiner l’ensemble du groupe avant de faire des extrapolations.
Essayons, à l’aide de chacune de ces méthodes, de faire le décompte de cette grande troupe mixte de Reed’s Beach, New Jersey, une importante halte migratoire d’oiseaux de rivage dans la baie du Delaware. Ce cas représente un défi particulier parce que les Bécasseaux maubèches ne sont pas également répartis sur la photo; de plus, sur la plus grande partie de l’image, il y a des Bécasseaux semipalmés, des Bécasseaux sanderlings et des Tournepierres à collier qui sont cachés dans la multitude des Bécasseaux maubèches.
Bécasseau maubèche, Cynthia Ehlinger/Macaulay Library (ML160521301)
Commençons par évaluer le nombre total d’oiseaux. En comptant par dizaines, nous arrivons à un chiffre approximatif de 1 400 oiseaux. Pas mal! Ensuite nous évaluons que la troupe contient environ 60 % de Bécasseaux semipalmés (n’oublions pas qu’ils sont partout mélangés aux autres espèces), 35 % de Bécasseaux maubèches, 3 % de Tournepierres à collier et 2 % de Bécasseaux sanderlings. Ce qui nous fait 840 Bécasseaux semipalmés, 490 Bécasseaux maubèches, 42 Tournepierres à collier et 28 Bécasseaux sanderlings.
Si vous décidez de compter les espèces séparément, commencez par les Bécasseaux semipalmés parce qu’ils sont uniformément répartis sur la photo. Certains d’entre eux sont cachés par la multitude de Bécasseaux maubèches, mais on peut se servir des espaces où ceux-ci sont absents pour compter les Bécasseaux semipalmés et faire notre extrapolation. Dans la partie plus dégagée, on compte environ 380 Bécasseaux semipalmés (par dizaines), 6 Tournepierres roux et 10 Bécasseaux sanderlings. Cela représente environ 40 % de la superficie occupée par la troupe (ne pas oublier la profondeur!), ce qui nous fait au total 950, 15 et 25 individus respectivement. Comme les Bécasseaux maubèches ne sont pas répartis également, ce qui complique l’extrapolation, nous les avons comptés par dizaines et sommes arrivés à un total approximatif de 680 pour cette espèce. Nous obtenons ainsi un grand total d’environ 1 700 oiseaux, un résultat supérieur à notre chiffre antérieur (qui était une sous-évalué parce que nous n’avions pas pu compter tous les Bécasseaux semipalmés qui étaient cachés!).
Comparons maintenant les résultats des deux méthodes : le décompte effectué séparément pour chaque espèce donne un total plus précis pour les Bécasseaux semipalmés et les Bécasseaux maubèches, qui sont les plus nombreux; cependant l’estimation faite à l’aide des proportions produit probablement des résultats plus précis pour les Tournepierres à collier (38 individus présents sur la photo) et les Bécasseaux sanderlings, les deux espèces les moins nombreuses.
Espèces | Décompte espèce par espèce | Évaluation des proportions globales |
Bécasseau semipalmé | 950 | 840 |
Bécasseau maubèche | 680 | 490 |
Tournepierre à collier | 15 | 42 |
Bécasseau sanderling | 25 | 28 |
Nombre total d’oiseaux | env. 1 700 | env. 1 400 |
Chacune de ces méthodes présente des avantages et des inconvénients, mais elles nous ont toutes les deux permis d’en arriver à une estimation prudente du nombre d’individus de toutes les espèces présentes dans la troupe, des données précieuses pour notre liste d’observation. Choisissez celle qui convient le mieux aux circonstances. Nous voici arrivés au bout de nos peines! Mais la plupart des décomptes sont beaucoup plus faciles, heureusement!
Oiseaux aux mangeoires
Que votre mangeoire soit un réservoir de liquide sucré pris d’assaut par les colibris ou un cylindre de graines de chardon assailli par des roselins, il peut être difficile de savoir combien d’oiseaux sont présents. Nous recommandons de compter le plus grand nombre d’individus vus simultanément pendant la période d’observation ainsi que tous les individus facilement reconnaissables. Bien que le nombre d’oiseaux réellement présents puisse être plus élevé, c’est la méthode la plus fiable dans un tel cas. Bien entendu, si vous voyez 6 Cardinaux rouges femelles et 3 mâles, puis 6 mâles ensemble, il y a au moins 12 individus présents à votre mangeoire, et c’est ce que vous devriez indiquer sur votre liste d’observation.
Pic à tête rouge juvénile, Sue Barth/Macaulay Library at the Cornell Lab (ML64213381)
Mettez à profit vos nouvelles compétences pour apporter votre contribution à la science dans eBird tout en vous amusant!